Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
UN AIR DE DEJA VU
1 mars 2014

CHAPITRE 3 : DEJA LU

A Lyon, Eléonore emprunte un chemin qu'elle connait bien. Elle arrive dans une ruelle comme pour aller voir son copain. Elle, 28 ans, lui 32 : ils ont décidé de vivre en couple, mais pas dans le même appartement. Chacun son espace et donc chacun son indépendance. Habituellement toujours bien maquillée pour embellir ses yeux noirs qui ressemblent déjà à 2 pépites de café dont on perçoit toujours les éclats de saveurs, il se trouve que ce soir elle n'a pas pris la peine de se faire belle. Pas coiffée, elle porte même un bas de jogging qu'elle ne met que pour aller au sport le dimanche matin. Or ce samedi soir ne laissait présager rien de commun. Une fois par mois, Elo et Benjamin décidait de se réserver une soirée avec leurs amis respectifs. Soir de match de l'Olympique Lyonnais, Benji devait forcément se trouver dans l'un de ses bars fétiches. Pourtant Eléonore n'y croyait pas. Elle arrive à destination, devant la porte de l'immeuble de son "cœur d'ange" comme elle le surnomme. Elle compose le code de la porte et appuie sur le bouton de l'ascenseur. A peine l'appareil se met il en mouvement que le code est composé à nouveau. Au bruit des touches, Elo choisit de prendre l'escalier en vitesse et de se cacher à un étage supérieur. Une jeune femme aux talons repérables à 2 kilomètres passe l'entrée du hall et appelle à son tour l'ascenseur. Il vient d'ailleurs d'atteindre le rez-de-chaussée. La porte s'ouvre. Eléonore se met en chasse du "monte-charge". C'est comme ça qu'elle évoquait l'ascenseur quand elle l'utilisait, pensant que ses fesses et ses quelques kilos en trop, constituaient une surcharge que l'ascenseur élevait avec difficulté jusqu'au troisième étage. Elo monte donc au 2ème palier et se rend compte que la fille aux talons s'y est arrêtée elle aussi. Mais Eléonore n'a pas eu le temps de voir dans quel appartement elle est entrée. Elle pose son oreille sur la porte de Benjamin et entend murmurer. Le plus délicatement possible elle sort la clef que son chéri lui avait remis en double il y a maintenant 2 ans, et elle ouvre le plus délicatement possible la porte. 

Surprise. L'appartement est éclairé. Au demeurant, le lieu aurait du être vide. C'est un long couloir et à chaque étape une pièce pour l'ordinateur, une autre pour la cuisine, une autre pour la salle de pain et celle du fond pour la chambre. A priori, Benjamin est là mais, au fond. Son portable est posé à l'entrée. Il est encore allumé, comme s'il venait de recevoir un texto et que la mise en veille n'avait pas eu le temps de le noircir. Il l'a peut être tout simplement consulté il y a moins d'une minute. L'objet est donc déverrouillé. Elo s'en empare et se précipite sur les derniers textos. Elle y lit notamment cette conversation qu'elle remonte à l'envers et qui émane d'une Lucie. Elo ne connait aucune Lucie.

"Je peux être là dans 10 minutes si tu veux. J'ai trop envie de te voir bébé. T'es de plus en plus beau. Envoie-moi une photo"

Et c'est une photo à moitié dénudé qui est envoyée. Lucie comprend que son cher et tendre n'a rien d'un supporter ce soir. Et pas à pas elle se dirige vers la fin de son histoire et passant la première porte blanche, puis la seconde, puis la troisième et ouvre la dernière. Allongés sur le lit qu'elle aimait tant, elle ressent une nausée terrassante. La porte finit de s'entrouvrir en silence et le clic de l'appareil photo fait sursauter les deux amants. Elo dit alors : 

"Voilà comme ça tu auras un souvenir un peu porno de ce dernier jour où nous nous voyons. C'est dommage que tu n'aies jamais cru à mes impressions de déjà vu, car cet après-midi, va savoir pourquoi j'ai fait une sieste mais j'ai entendu des talons dans mon sommeil; Des talons qui montaient jusqu'à toi. Je n'aurais jamais du annuler mon petit déplacement à Toulouse chez ma sœur. Attentat ou pas, je me serais senti plus à l'aise qu'ici et tu aurais eu toute la semaine pour t'envoyer Lucie. Bonsoir Lucie. C'est moi sa copine. Ne fais pas l'étonnée, s'il t'a dit qu'il était célibataire, ce n'est pas vrai depuis 3 ans. Bref je pars demain. Je te rends le double de tes clefs et je ne veux plus jamais avoir à faire à toi."

Tournant les talons à son tour comme le dit l'expression, ou plutôt les baskets dans son cas, Elo revoit l'intégralité de ses souvenirs avec Benjamin défiler le long de ce couloir, pour le coup interminable. Il tente de la rattraper mais elle lui jette un regard qui en dit long sur l'intensité qu'un arôme de café peut avoir quand il est bouillant. 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
UN AIR DE DEJA VU
Publicité
Archives
Publicité